lundi 1 août 2022

L'anglais intensif au primaire, une mauvaise idée, imposée par Jean Charest

L'anglais intensif au primaire, une bien mauvaise idée, fut imposé par Jean Charest en 2011. Il faut éliminer ce programme de l'école publique et se concentrer sur les bases dont bien sûr le français.

L’anglais intensif soulève les passions dans une école de Lévis, si bien que le Centre de services scolaire des Navigateurs a mis en demeure le conseil d’établissement qui s’est opposé à la proposition de la direction de ne plus offrir le programme à tous les élèves de 6e année. Pour plus de détails.

Critique de 2013 au sujet de cette réforme imposée par le fédéraliste Charest, éditorial d'Antoine Robitaille :

Le projet d’intégrer 400 heures d’anglais intensif pour tous les élèves québécois de la fin du primaire est un cadeau empoisonné de Jean Charest dont le gouvernement Marois devrait se débarrasser plus clairement qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant.

Ce projet a été annoncé dans un discours d’ouverture de février 2011, où l’ancien chef libéral tentait par tous les moyens de relancer son gouvernement usé et impopulaire. Aucune analyse de mise en oeuvre n’avait précédé cette annonce. C’était un truc rhétorique d’un premier ministre cherchant à se donner un héritage politique ; comme cet autre gadget, inséré dans le même discours : les tableaux blancs dits « intelligents » dans toutes les classes. Des mesures simplistes, pour un rendement politique à court terme. Et malavisées.

Comme l’ont bien dit Charles Castonguay et Frédéric Lacroix dans nos pages la semaine dernière, il y a un aspect « fuite en avant » apeurant dans l’idée d’implanter ainsi l’anglais intensif dans toutes les écoles sans exception. Dans la liste de problèmes de l’éducation au Québec, la carence en bilinguisme des jeunes Québécois figure-t-elle en première position ? On peut en douter. Le pourcentage de bilinguisme anglais-français des francophones de 20 à 34 ans à Montréal est estimé à 79 %, notent Castonguay et Lacroix.

Normal, notre ère est celle de l’immersion : Internet, les nouveaux médias et plus globalement l’ère numérique nous plongent directement dans l’anglophonie mondialisée. Aujourd’hui, les systèmes de quotas visant à sauvegarder une certaine diversité culturelle se trouvent souvent sapés. Le rouleau compresseur des industries culturelles écrase tout. La langue quotidienne des jeunes, au Québec, est plus que jamais émaillée d’expressions anglaises. S’ensuit une triste perte de vocabulaire qui fait croître chez eux un sentiment d’étrangeté à l’égard de leur propre langue maternelle, laquelle ne semble jamais assez « cool ». Et au même moment, la moitié du Québec, la grande région de Montréal, est devenue un programme d’immersion en soi. L’anglais s’y apprend comme par osmose.

Avons-nous vraiment besoin d’accentuer des phénomènes massifs en y ajoutant de l’anglais intensif pour tous ? En région, un tel programme peut sans doute aider des élèves à mieux progresser en anglais. Car un certain bilinguisme - a fortiori un multilinguisme - individuel est une richesse, assurément. Mais le bilinguisme collectif et étatique vers lequel nous fait tendre l’anglais intensif universel est à rejeter pour une nation minoritaire comme la nôtre.


Aucun commentaire: